Dieter Calle fait partie des quelques " tuners " de raquettes de la planète tennis. Il travaille avec le gratin mondial.
Tout le monde veut travailler avec ce préparateur hors pair . C'est avec un grand sourire et un petit accent du pays de Waes qu'il nous accorde quelques minutes entre deux raquettes cordées dans le centre sportif du Blocry, qui accueille le BW Open de tennis. C'est avec deux amis cordeurs, qu'ils s'occupent de tous les joueurs du tournoi brabançon.
"Les joueurs me demandent de rallonger leurs raquettes"
Dieter a fait des études d'instituteur. Ce passionné de tennis a rapidement pris goût au cordage de raquettes et au fil du temps c'est devenu son métier. Même si aujourd'hui, l'essentiel de son boulot est ailleurs : " Quand j'étais jeune, je faisais les Grands Chelems et le tournoi de Monte-Carlo. Maintenant je fais 90% de tuning de raquettes et 10% de cordage. Je travaille cette semaine sur le BW Open, je bosse aussi sur la Coupe Davis et la Billie Jean King Cup pour les Belges. Mais 90% c'est du tuning. Le boulot c'est de réussir à adapter la raquette au joueur".
Un travail de précision qui demande un talent fou et une créativité sans borne : Quand un joueur me demande de rallonger ses raquettes , je dois rajouter un ou deux centimètres, mais la raquette ne peut pas craquer . Et alors là je dois être inventif et trouver des solutions. Je dois repenser complètement le manche. Et puis c'est à moi de contacter une usine qui fait les moules et tu dois être inventif pour répondre aux demandes des joueurs", déclare Dieter Calle.
Il prépare les raquettes de Monfils, Norrie, Swiatek, Jabeur et Mertens
Dieter Calle travaille avec de nombreuses joueuses et de nombreux joueurs du top 100 mondial : "Je travaille pour Gaël Monfils Cameron Norrie . Je bosse aussi avec tous les joueurs belges. Chez les filles, je travaille avec la numéro 1 mondiale, Iga Swiatek , avec Ons Jabeur (WTA 2), Elise Mertens et je me suis aussi occupé de Kim Clijsters . Je dois avoir 43 joueurs dans le Top 100 chez les hommes et chez les femmes, sans compter ceux classés du top 100 au top 300. Mon plaisir c'est de travailler pour tout le monde. J'ai autant de respect pour un amateur que pour un joueur pro
1000 raquettes customisées par an
Le volume de travail est colossal et la fin d'année est toujours compliquée à gérer : " Je fais plus de 1000 raquettes par an ça n'arrête pas . Et le plus gros problème pour moi, c'est novembre décembre. La nouvelle saison va commencer. Ils partent tous vers 20 décembre à Dubaï pour s'entraîner. Et là, ils veulent tous leurs nouvelles raquettes. Et honnêtement, parfois je suis dépassé, c'est trop", confie Dieter.
Mais ce n'est pas pour cela qu'il compte arrêter : J'ai 52 ans. Je suis comme Nadal je ne sais pas quand je vais arrêter . Je pourrais facilement travailler jusqu'à 70 ans. Et puis un de mes fils aimerait suivre mes traces, et en faire son métier".
Son bol d'air : la Coupe Davis
Après le BW Open, Dieter Calle s'envolera avec l'équipe de Coupe Davis pour le déplacement en Corée du Sud, un moment qu'il attend avec beaucoup d'impatience : La Coupe Davis, c'est vraiment quelque chose de spécial . Là, tu es tout seul avec l'équipe, tu dors avec l'équipe, je vais au fitness avec l'équipe. Parfois je tape quelques balles avec l'équipe. Pour moi c'est un super break, parce que je suis tout le temps dans mon atelier. Tout le monde croit que j'ai une profession agréable. J'adore ce que je fais, mais quatre jours sur cinq, je suis presque 10 heures par jour dans mon atelier".
Et puis Dieter est surtout connu pour mettre une ambiance de malade dans l'équipe de Coupe Davis Je fais tout le temps des blagues . Cela fait 20 ans que ça dure, et ils me rappellent. Je ne sais pas combien de temps ça va encore durer. Ils me disent tous que j'ai Alzheimer, parce que j'oublie mes propres blagues et je les répète tout le temps ", conclut Dieter dans un énorme éclat de rire.
Par Christophe Delstanches